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Sylla

Tête en marbre de Sylla, Époque augustinienne.

Tristement célèbre représentant de la famille Sulla et Cornelii, il s'empara de la dictature par la force et fut le premier homme militaire romain à marcher sur la ville avec ses troupes. Rival acharné de Marius, il est le fidèle porte-étendard du courant politique optimates. Il fut dictateur de 82 à 80 avant J.-C. et instaura un régime de terreur à Rome.

Ascension[]

D'ascendance illustre, Sylla naît pourtant dans une famille déjà rongée par le manque d'argent et une réputation déjà assombrie par les actes de son ancêtre direct, Publius Cornelius Rufinus, destitué de sa charge de consul et chassé du Sénat pour avoir contrevenu aux lois. Sa maîtresse et sa belle-mère lui valent une relative aisance financière qui est toutefois loin d'égaler celle des autres familles patriciennes illustres.

En -107, il obtient la questure en Afrique et s'illustre de façon militaire sous les ordres du général Marius, parti réprimer la rébellion de Jugurtha, en province numide. Les années qui suivent sont ponctuées de nombreuses campagnes militaires à l'occasion desquelles Sylla gagne en assurance, en aisance financière et en influence, lors des batailles contre les Cimbes et les Teutons, également soulevés contre la puissance de la botte de Rome. De -104 à -100 se dessinent des antagonismes idéologiques importants entre Marius, populares, et Sylla, foncièrement optimates. En effet, Marius, issu de la classe des chevaliers, prône une politique près des idéaux du peuple, dans la veine des réformes gracquiennes, et alors c'est la que Sylla, véritable conservateur politique prônant une République contrôlée exclusivement par les intérêts des patriciens, souhaite concentrer à nouveau le pouvoir politique entre les mains de l'élite républicaine.

La guerre sociale et la rivalité avec Marius[]

La période comprise entre -91 et -89 connaît l'éclatement de la guerre sociale durant laquelle plusieurs territoires italiens asservis à la puissance romaine réclament des droits de citoyenneté. Sylla est envoyé réprimer la révolte dans les villes italiennes. Alors que Sylla brille par ses exploits militaires, Marius y tient un rôle beaucoup moins prépondérant. Au final et malgré les victoires militaires de Sylla, on accorde aux Italiens la citoyenneté romaine.

Grâce à ses prouesses lors de la guerre sociale, Sylla a réussi à redorer le blason familial et à accumuler une richesse importante grâce au butin de guerre. Dès son retour à Rome, en -88, il est élu consul, au grand dam de Marius.
Lorsque Sylla est pressenti par le Sénat pour écraser la rébellion de Mithridate VI, au Pont d'Euxin, Marius, jaloux, lui fait retirer ce privilège grâce à d'obscures machinations auprès du Sénat. Profondément frustré, Sylla revient à Rome (il était déjà en marche vers l'Asie quand il apprit la nouvelle) et franchit le Rubicon avec ses armées, ce qui constitue une première dans l'histoire de Rome. Symboliquement, le Rubicon est la frontière à ne pas franchir avec des troupes armées, puisque cet affront signifie que Rome est pénétrée par l'envahisseur, ce qui alimente un imaginaire particulièrement important, Rome ne désirant jamais plus être pénétrée, mais plutôt être pénétrante (on se rappellera du sac de Rome par les Gaulois).

La marche sur Rome et les proscriptions[]

Lors de l'entrée de Sylla dans la ville (toujours escorté de ses troupes), il obtient la destitution de Marius auprès du Sénat qui le bannit. Toutefois, Marius s'est déjà enfui vers l'Étrurie après avoir entendu la rumeur du retour de Sylla à Rome. Satisfait par la fuite de Marius, Sylla reprend sa marche vers le Pont d'Euxin afin d'y évincer Mithridate VI. Marius, ayant rassemblé des forces militaires en Étrurie, revient à Rome pendant que Sylla n'y est plus et obtient la révocation de l'édit sénatorial le condamnant à l'exil en reprenant ses pouvoirs à Rome. Le Sénat déclare alors Sylla ennemi public de Rome. Les années de domination marianniste ne sont pas de tout repos, puisque de -88 à -84, Marius et son général, Cinna, profitent de l'absence de Sylla pour piller Rome et y instaurer un régime de terreur.

Cassius

Cassius Cornelius Sulla, neveu et fils adoptif de Sylla.


Pendant ce temps, Sylla défait Mithridate, prend Athènes et revient en Italie en -83, ce qui déclare une guerre civile entre les troupes de Marius et celles de Sylla. En -82, Marius meurt et Sylla défait les troupes restantes près de Rome. Il entre dans Rome armé une seconde fois. Toujours considéré par le Sénat comme un ennemi public, il fait afficher ses proscriptions sur lesquelles sont écrits les noms de 80 sénateurs (anti-syllaniens) et de 440 chevaliers. Si leur tête est rapportée, Sylla promet une récompense importante prélevée à même le trésor public de Rome. En quelques semaines, tous les noms contenus sur la liste ont été rayés de l'existence ou se sont enfuis pour échapper aux purges. En -82, quelques temps après les épurations de ses opposants politiques, Sylla est déclaré dictateur à vie et procède à une vaste réorganisation de l'État romain.


Dictature et réformes[]

Sylla se gratie lui-même en promulguant une lex Valeria lui conférant le droit de vie et de mort sur quiconque, en rendant légales ses actions passées qui avaient été condamnées par le Sénat, en lui conférant le droit de disposer des royaumes vaincus par Rome et en lui octroyant le droit de partager les terres de l'ager publicus comme bon lui semble (il en distribuera la quasi-totalité à ses généraux pour garder leur loyauté).
Ses réformes de l'ordre public sont nombreuses :
— Les tribuns de la plèbe sont forcés de soumettre leurs projets de loi au Sénat avant de les faire voter à l'assemblée et leur droit de veto est diminué ;
— Sylla augmente le nombre de sénateurs de 300 à 600, ce qui lui permet d'asseoir ses amis au Sénat ;
— Il retire le droit aux membres de l'ordre équestre de siéger dans les institutions judiciaires ;
— Il instaure un régime de déification de sa personne en s'associant à une divinité protectrice (il se fait appeler Félix, béni des dieux et s'associe à Vénus).
En -80, Sylla décide de prendre sa retraite et se retire dans sa villa suburbana de Cumes pour y écrire ses mémoires. Il meurt peu de temps après d'une maladie.

Mémoire de Sylla[]

Si la dictature de Sylla est considérée par bien des Romains comme étant une période sombre de l'histoire de la République, elle marque l'avènement des imperatores et la fin de la République telle qu'elle fut connue auparavant. Le fait que la dictature de Sylla ait été acceptée par le Sénat démontre que la mentalité romaine est en pleine mutation et que celle-ci sera bientôt mûre pour la prise de pouvoir d'un seul homme (qui connaîtra son couronnement sous César, puis son apogée sous Octave Auguste).

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Electra Cornelia Sulla, nièce et fille adoptive de Sylla.

En ce qui concerne la mémoire de Sylla, celle-ci est mitigée : certains voient cette période de l'histoire comme étant sombre et obscure, alors que d'autres continuent d'accorder de l'importance à la famille illustre des Sulla, qui mérite le respect. De plus, les fortunes considérables amassées par Sylla lors des campagnes militaires et lors de son accession au pouvoir continuent d'inspirer un certain respect mêlé de crainte.

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