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Illustration de la colline du Capitole, chef-lieu de la religion romaine.

Selon Folker Siegert, la religion (en grec eusebeia) est le « culte de Dieu ou de divinités qu'on ne vénère pas pour ses propres buts ; dans l'idéal, c'est une vénération désintéressée. ».

Plus qu'un simple culte, la religion romaine possède de nombreuses facettes aux dimensions complexes et plurielles. Il incombe donc de traiter de ses caractéristiques avec discernement.

Religion civique[]

La religion romaine est avant tout une affaire civique et s'inscrit dans une relation étroite et indissociable entre la vie citoyenne des Romains et leur vie religieuse. A priori, rien ne distingue les deux aspects, ils sont entièrement imbriqués et le culte de l'empereur (pas encore instigué en 74 avant J.-C.) vient cimenter ses structures, tout comme le fait que les dieux sont eux-mêmes des citoyens de Rome. D'ailleurs, la cité antique s'articule essentiellement autour du principe de religion civique, qui ne consiste pas, comme le christianisme ou le judaïsme, par exemple, en une religion de foi, mais bien en une observation rigoureuse et strictes des rites et cérémonies religieuses. Ces derniers doivent être observés à la lettre et s'inscrivent dans une logique étatique garante de stabilité. Les rites sont nombreux, complexes et constituent les fondements de l'identité religieuse romaine.

Cette identité est grandement assurée par la notion de citoyenneté romaine. A contrario de la religion chrétienne, où le fidèle est chrétien, puisqu'il adhère à une série de coryances et de préceptes religieux indépendants de sa citoyenneté, le fidèle romain voit sa religiosité et son appartenance à la religion romaine se définir par son statut civique : s'il est citoyen romain, il voue un culte aux dieux et déesses de Rome et ce culte est indissociablement lié à ses devoirs de citoyen. Selon John Scheid, «on ne se convertit pas à la religion romaine, on ne fait pas acte de foi, on naît fidèle ou on le devient en recevant la cité. ».

Une religion syncrétique[]

La religion romaine se caractérise par une facette syncrétique et une facette civique unitaire, nécessaires à la cohésion du monde romain. La dimension intégratrice de la religion romaine constitue l'axe central de son essence même. Des pratiques magiques, divinatoires (haruspices, hécatombes, etc.) et issues de plusieurs cultes métissés dans un brassage culturel tributaire de l'élargissement de l'empire romain et de l'intégration de peuples aux pratiques religieuses tous azimuts, ont favorisé le développement d'une religion romaine hétérogène et plurielle. Ce syncrétisme religieux est à la base même de la politique de tolérance quant aux nouveaux cultes.

Une religion structurelle[]

La religion romaine structure tous les rapports sociaux et les unités domestiques. Chaque groupe est formé d'une infrastructure religieuse qui conditionne les relations interpersonnelles de tous et chacun. Aussi bien la cellule familiale que la cellule politique reposent sur des bases religieuses. Toutefois, c'est la religion collective qui demeure la mieux connue des historiens.

Culte[]

La religiosité romaine repose sur de nombreux cultes. Chaque jour du mois est associé à un culte précis et la connaissance des traditions rituelles est plus importante que la connaissance des dieux eux-mêmes. Faisant partie intégrante de la notion de citoyenneté, le culte demeure une façon d'affirmer son statut social.

Durant la République, certains jours sont réservés à certaines divinités. Voici une liste des jours dédiés aux divinités du panthéon romain :

  • Les ides sont réservés à Juppiter : il s'agit du treizième jour lors des mois pleins (de 31 jours) et du quinzième jour lors des mois partiels (qui ont moins de 31 jours).
  • Les calendes sont réservés à Junon : il s'agit du premier de chaque mois.
    • Les calendes de Mars sont célébrées à la fin d'une année (les célébrations durent 8 jours).
  • Les nones sont des jours néfastes où il est proscrit de se marier : il s'agit du cinquième jour lors des mois pleins et du septième jour lors des mois partiels.

Le culte romain prévoit deux catégories de jours qui revêtent une importance capitale pour les célébrations religieuses. Les jours fastes et les jours néfastes rythment la vie des citoyens Romains. Les premiers permettent aux Romains de vaquer à leurs occupations alors que les seconds sont des jours improductifs où il est mal vu de travailler, se marier ou exercer la politique ou la guerre. Ce sont des jours de recueillement destinés aux morts.

Les jours de commémoration ou les fêtes religieuses sont considérés comme des jours néfastes et tous doivent participer aux célébrations, puisqu'ils sont réservés aux rites et aux cultes.

Les gens de culte[]

Certaines personnes exercent des fonctions religieuses et consacrent leur vie à l'observation du culte romain. Si le pater familias est considéré comme le chef de la cellule religieuse familiale. C'est donc lui qui agit à titre d'intermédiaire entre sa famille et les dieux. Il en va de même pour les chefs de curies qui assurent la fonction d'intermédiaire dans le culte curial, des magistrats pour le culte collégial et de l'empereur dans le culte impérial.

Durant la période républicaine, ce sont les flamines qui assurent le rôle de chefs du panthéon romain. Ils sont au nombre de trois et assurent chacun le culte de Juppiter, de Mars et Quirinus (divinité de la citoyenneté romaine). D'autres flamines existent et assurent les cultes mineurs de divinités moins connues. Les trois grands flamines sont tenus à la pureté spirituelle, puisqu'ils sont les dépositaires de la puissance divine des dieux qu'ils vénèrent.

Toutefois, les véritables chefs du culte civique sont les pontifes (pontifex). Ils sont, en somme, les administrateurs du culte civique. Le conseil des pontifes est présidé par le grand pontife (maximus pontifex) qui agit aussi à titre de pater familias des Vestales.

Le collège des Vestales comprend six jeunes vierges qui vouent leur vie au culte de Vesta à l'intérieur d'un temple appellé atrium vestae. Choisies entre l'âge de six et dix ans, elles ont un rôle de très grand prestige à Rome et sont jugées inviolables. Le simple fait de toucher une vestale pouvait valoir au fautif la peine de mort.

Rites et rituels[]

De nombreuses fêtes religieuses et plusieurs cultes sont organisés pour attirer le regard des dieux sur les mortels (il s'agit d'une liste non-exhaustive. Nous avons sélectionné les fêtes que nous avons jugé les plus importantes) :

Rites de purification (lustratio) : il s'agit d'une procession religieuse qui encercle l'armée ou le peuple. On fait le tour du groupe qu'on veut bénir par trois fois avec un taureau, un porc et une brebis qu'on sacrifie ensuite.

Carmentalia : il s'agit d'une fête religieuse célébrée en janvier (januarias) dédiée à une très ancienne déesse romaine, protectrice des femmes en couche.

Lupercalia : Fête célébrée en février (februarias) dont les traditions recommandaient à de jeunes hommes de courir nus autour de la colline du Palatin après avoir sacrifié un bouc. Le rituel avait pour but de purifier la ville et d'éloigner les mauvais esprits.

Regifurium : Rituel également tenu en février où le roi des sacrifices (un flamines) sacrifiait un être humain et devait s'enfuir après l'avoir tué.

Equirria : Fêtes tenues en mars (martius) et en octobre (october) où des courses de chevaux étaient organisées. Le cheval vainqueur était ensuite sacrifié et une énorme fête populaire était organisée.

Quinquatries : Également célébrées en mars, ces fêtes rendaient hommage à Minerve, déesse de l'intelligence.

Fordicidia : Tenue en avril, cette fête agricole était destinée aux éleveurs d'animaux et aux agriculteurs. On sacrifiait une vache afin d'attirer la protection des dieux sur le bétail.

Cerialia : Fêtes du blé, on lâchait des renards sur lesquels on avait attaché un flambeau allumé à leur queue. Le rituel avait pour but d'assurer de bonnes récoltes pour l'année à venir.

Parilia : Ces fêtes étaient organisées en l'honneur du dieu Palès qui était chargé de protéger les troupeaux. On allumait plusieurs feux de joie.

Vinalia : Célébrations très prisées entourant le domaine vinicole. On y buvait le vin nouveau qui était parvenu à maturité. Cette fête donnait souvent place à l'excès et à l'abus d'alcool. On les célèbre en avril et en juillet.

Lemuria : Fêtes ayant lieu en mai, elles sont destinées à la mémoire des morts. Les offrandes et rituels faits dans le cadre de cette fête ont pour but d'éloigner les mauvais esprits de la cité et de les exorciser.

Vestalia : Au début du mois de juin sont organisées les fêtes en l'honneur de la déesse Vesta et de ses prêtresses, les Vestales.

Matralia : Cette fête est tenue en juin et est célébrée pour honnorer les femmes.

Jeux d'Apollon : Depuis la première guerre punique on célèbre cette fête en l'honneur du dieu Apollon durant laquelle on tient des jeux (cirque, combats de gladiateurs, naumachies, etc.).

Neptunalia : Fête organisée en l'honneur de Neptune.

Le mois d'août célèbre la Diane aventine (sur la colline de l'Aventin). On célèbre également l'enlèvement des Sabines lors des jeux consuales organisés par les édiles curules.

Volcanalia : Fête de Vulcain. On souhaite s'attirer les faveurs des dieux afin qu'ils protègent le peuple romain des incendies.

Volturnales : Également célébrées en août, il s'agit de s'attirer les faveurs de Volturnus, divinité protectrice du Tibre.

C'est en septembre qu'ont lieu les Grands jeux romains tenus en l'honneur de Juppiter. La date n'est pas fixée, mais plusieurs jeux sont organisés partout à travers l'empire.

Meditrinalia : Célébrée le 11 octobre, cette fête est dédiée aux vendanges.

October Equus : On organise des jeux équestres, le 15 octobre afin de symboliser la fin de la guerre. Le cheval à la droite du cheval qui a remporté la course est brûlé et son sang est versé sur le foyer de l'État.

Armilustrium : Tenue quatre jours après les jeux équestres, cette célébration est destinée à la purification des armes de guerre.

Du 4 au 17 novembre se tiennent des jeux organisés pour la plèbe (cirques, combats, etc.).

Du 24 novembre au 25 décembre se tiennent les fêtes de Bacchus.

Saturnales : Elles se tiennent le 15 décembre. Pendant ces fêtes, les classes sociales se mêlent et les rôles s'inversent : les esclaves commandent à leurs maîtres et ceux-ci doivent les servir.

Symbolique des fêtes[]

Toutes les célébrations tenues durant l'année ont pour unique but d'agir sur le numen des dieux, sur leur volonté. Par des prières, offrandes, rituels et sacrifices, le peuple souhaitait attirer les faveurs des dieux ou, à tout de moins, influencer leur bonne humeur. Chaque rituel est accompli avec minutie. Tous les détails (même les plus infimes) doivent être observés à la lettre afin que le culte puisse atteindre les cieux et attirer l'oreille attentive des dieux. Même les sacrifices sont réglés avec précision et chaque type de rituel nécessite un type particulier d'offrande.

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